Jusqu’à la fin des années 1950, la façon de se doucher au camp était d’une grande simplicité. Chaque vendredi, au bain de l’après-midi, chacun devait descendre au lac avec son savon et sa débarbouillette. C’était OBLIGATOIRE. Oui, oui, vous avez bien deviné : tout le monde devait se laver dans notre beau lac Androscoggin !
Vous comprendrez que laver des « petits enfants » dans le lac une fois par semaine c’était spectaculaire surtout quand venait le temps de se rincer. La folie furieuse des jeunes dans de beaux nuages de mousse blanche, êtes-vous capable d’imaginer ? Il fallait les voir et les entendre, perdus dans la broue. Les conseillers avaient ordre de surveiller pour s’assurer qu’ils se lavent tous. Le savon qui faisait les plus beaux nuages c’était le savon en barre Ivory. Pourquoi ? Parce qu’il flottait, faisait plus de bulles et ne calait pas au fond du lac se couvrir de sable comme les autres savonnettes. Ceux-là irritaient la peau de nos pauvres campeurs. Quand les conseillers devaient leur laver le dos, ils s’écriaient « conseiller, ça me gratte ». À 16 h, au moment de la cantine, une odeur d’Ivory flottait dans l’air ambiant ; un délice après une semaine d’odeur de sueur. Cela ajoutait au moment tant convoité de la cantine. La société de 1950 ne pensait pas à la pollution de l’eau et n’avait pas notre conscience environnementale de 2024.
Les premières vraies « douches » furent installées en arrière des cabines des Hiboux et des Lynx, ensuite elles ont été déplacées à l’extérieur de la buanderie, puis en troisième lieu, près du dispensaire. Ce n’est qu’en 2003 que les douches ont abouti près du réfectoire : enfin des murs, un toit et de l’eau chaude pour tous !
Pour les douches adossées à la buanderie, l’intendant de l’époque avait placé sur un haut trépied un grand réservoir noir pour obtenir plus de pression (grâce à la gravité) et d’eau chauffée (grâce au soleil)… Mais le soleil en a trop fait et ses rayons ont fait éclater le réservoir, au grand désespoir des gouttières du bâtiment.
Le robinet d’eau chaude des douches du personnel, près du dispensaire, était en effet très près du dispensaire. La responsable des soins de santé, aidée par des amis, s’amusait parfois à refroidir l’eau d’un conseiller qui prenait sa douche. Quelle farceuse !
Chaque emplacement a sa petite histoire 😊
-Gaston
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